Fin décembre 2019, j’ai pris la décision de quitter LiveMentor, après deux belles années passées en tant que Copywriter (et divers rôles au Marketing), en CDI. J’avais pour projet de me lancer en freelance et de travailler sur un projet entrepreneurial : Sauce Writing.
C’était un choix réfléchi et une transition préparée depuis longue date, comme je l’explique dans mon passage dans le podcast Tribu Indé.
J’en ai profité pour expérimenter un mode de vie qui m’attirait : travailler en voyageant (que l’on appelle également “nomadisme digital”). Fin décembre 2019, j’ai donc rendu mon appartement à Paris, avec pour objectif d’être plus libre sur l’année 2020. Et c’est ce que j’ai fait :
- Janvier 2020 : Alsace (chez mes parents)
- Février 2020 : Canggu, Bali
- Mars 2020 : Hô-Chi-Minh-Ville, Vietnam
- Avril 2020 : Région parisienne
- Mai 2020 : Alsace
- Juin 2020 : Paris
- Juillet 2020 : Bordeaux
- Août 2020 : Alsace
- Septembre 2020 : Prague
J’avais prévu de rester en Asie jusqu’en Mai (pour découvrir la Thaïlande et le Japon), mais le Covid est passé par là. Heureusement, j’ai quand même pu en profiter et je compte rester nomade sur les prochains mois.
Dans cet article, je prends le temps de tirer un bilan de cette indépendance économique et géographique dont je profite depuis 6 mois. S’il peut être utile à d’autres freelances ou aspirants freelances, j’en serais très heureux.
Être freelance (ou entrepreneur) ne signifie pas être libre
Les mythes autour du freelancing sont nombreux et les formateurs aiment vendre le rêve d’une vie sans contraintes et sans emmerdes.
Mais ce n’est pas le cas. Chaque situation possède son lot de difficultés et de complications associées. Chaque médaille possède son revers.
Le salariat garantit une stabilité et une sécurité, en échange d’un manque de flexibilité et d’un cadre très fort.
Le freelancing offre davantage de flexibilité et peut permettre de gagner plus d’argent, en échange d’une pression supplémentaire et d’un sens important des responsabilités.
J’aime penser que la vraie liberté n’est pas de choisir une situation en fonction des avantages qu’elle offre, mais plutôt des contraintes que l’on est prêt à supporter.
Le freelancing peut être un enfer si on n’est pas prêt à en encaisser les aspects négatifs.
D’un coup, plus personne ne nous dit quoi faire. C’est à nous de trouver nos missions, de négocier nos tarifs, d’être bon pendant la prestation et de se faire payer à temps. Tous les mois (et plusieurs fois par mois).
Quand j’ai effectué ma transition, je m’y étais préparé. J’étais confiant dans ma capacité à travailler et être rigoureux, sans que l’on me dise quoi faire. Je le faisais depuis 4 ans : j’ai publié des centaines d’articles et mon deuxième livre, Expédition Créative, en parallèle de mon CDI.
Oui, le freelancing offre de la liberté et de la flexibilité. Si je n’étais pas freelance, je n’aurais pas pu voyager autant et je n’aurais pas eu le temps de travailler sur des projets perso.
Mais cette liberté ne vient pas sans un prix : celui d’être rigoureux, organisé et d’une pression supplémentaire.
Une pression constante, pas toujours évidente à supporter
Ce qui nous amène à mon second point.
J’ai eu la chance de me lancer dans le freelancing et l’entrepreneuriat par choix, et non par dépit. J’aime ce que je fais et je suis stimulé chaque jour.
Je mesure la chance que j’ai et je réalise à quel point c’est une situation enviable.
J’écris ces lignes un mercredi soir à 22 heures, et je n’ai pas l’impression d’être “au travail”.
Quand on se lance en freelance, on passe d’un salaire garanti tous les mois à zéro. Tout repose sur nos épaules. C’est libérateur, mais cela ajoute une pression supplémentaire.
On a du mal à décrocher et fixer des limites.
On peut toujours faire plus. Accepter une mission de plus. Travailler un week-end de plus. Gagner plus d’argent.
On se dit qu’on serait bête de ne pas le faire si on en a les moyens.
Après 6 mois en tant qu’indépendant, je peux affirmer que je travaille davantage qu’en salarié. Aussi bien en volume horaire qu’en intensité.
Quand on est salarié, on peut accepter d’avoir un coup de mou sur une journée. Quand cela arrive, on en supporte pas directement les conséquences.
Un freelance a du skin in the game. S’il ne travaille pas pendant une journée, c’est du temps qu’il ne facture pas. C’est une mission qui n’avance pas. Une boîte email qui se remplit.
Plus de responsabilités. Plus de pression. Mais également une meilleure courbe d’apprentissage.
Le temps est la ressource la plus précieuse d’un freelance
Que ce soit dans le cadre de mes projets perso ou pour mes clients en freelance, la partie centrale de mon travail consiste à écrire.
C’est la chose la plus importante de ma journée, qui détermine tout le reste. Si j’écris, tout va bien. Si je prends du retard, je devrai compenser le lendemain et je ne peux pas me le permettre.
Mes heures les plus productives se situent le matin.
Il est donc de ma responsabilité de m’assurer que je dédie bien toutes mes matinées à l’écriture et que je laisse le minimum de choses me perturber.
L’enjeu est de trouver un équilibre avec les sollicitations externes : call avec de nouveaux clients potentiels, des partenaires pour Sauce Writing, d’autres freelances ou entrepreneurs pour échanger, opportunités diverses, nouveaux projets, etc.
Depuis que je suis indépendant, j’ai réalisé que dire “non” est la chose la plus difficile au monde. Même les semaines où je suis complètement débordé, j’ai toujours du mal à dire non à un call pour une nouvelle mission potentielle.
J’y travaille, mais ce n’est pas évident.
Et après tout, je n’ai pas envie de refuser un call. C’est toujours intéressant de discuter avec de nouvelles personnes. On ne sait jamais ce que cela peut donner.
Être freelance, c’est aussi accepter que certaines choses nous échappent.
Il faut trouver le subtil équilibre entre le fait d’être très vigilant avec son temps, et tout de même laisser de la place à l’imprévu.
Si le sujet vous intéresse, il fait l’objet de l’épisode 11 de Tuk Tuk.
L’importance de diversifier ses revenus
Trois mois après mon lancement en freelance, une pandémie mondiale nous touche et nos économies subissent la plus forte récession depuis 1929.
Étrangement, cela ne m’a pas stressé plus que cela. J’étais sûr de mes forces et confiant en mes capacités à réussir.
Je crois d’ailleurs que la confiance en soi est le plus grand atout d’un freelance.
Je n’ai aucune idée de ce que je vais faire exactement. Par contre, j’ai une confiance sans faille dans ma capacité à me bouger, à avancer dans la bonne direction et à apprendre ce que je dois apprendre.
Ma transition était le fruit d’un processus amorcé depuis longtemps. Cela fait plusieurs années que je construis des assets et des avantages compétitifs pour me permettre de réussir en tant qu’indépendant.
Je vois chaque article que j’ai écrit (sur mon compte Medium, sur ce site, sur Sauce Writing) comme une graine que j’ai plantée et dont je récolte les fruits depuis que je me suis lancé en Freelance.
J’ai eu la chance de chercher à diversifier mes revenus très tôt, ce qui m’a permis de traverser le confinement et la phase de flottement que l’on a connue au début, sans trop de problèmes.
En Avril 2020, toute la partie freelance de mon activité s’est mise à l’arrêt. Les entreprises faisaient face à une grande incertitude quant à l’avenir et il fallait couper les dépenses (notamment les freelances) pour ne pas se mettre en danger.
Heureusement, les choses que j’avais mises en place depuis plusieurs mois avec Sauce Writing ont commencé à porter leurs fruits. Les revenus générés grâce à Sauce Writing ont permis de compenser la baisse des missions freelance.
Depuis cet épisode, je réalise encore davantage l’importance de diversifier ses sources de revenus et de devenir anti-fragile.
- Sur les six premiers mois de l’année 2020, 60% de mes revenus viennent de mes missions en Freelance
- Les 40% restants viennent de Sauce Writing
- Je travaille également sur un nouveau projet appelé Longue Vue pour continuer cette diversification
- Les deux livres que j’ai publiés me rapportent entre 50€ et 100€ chaque mois
- J’épargne au maximum et diversifie mes placements : épargne liquide, assurance-vie, PEA, cryptos, actions
- Je suis en train d’effectuer mon premier achat immobilier, en Alsace
Je veille également à construire des actifs immatériels, qui me serviront à générer de nouvelles sources de revenus, à l’avenir : liste email, personnes qui me suivent, publication d’articles, élargissement de mon réseau, etc.
Mieux vaut travailler avec une poignée de gros clients qu’une multitude de petits clients
Après ces 6 mois d’activités en freelance, j’ai également compris qu’il est difficile de tenir sur la durée si on passe son temps à enchaîner les petites missions.
À l’inverse, mieux vaut travailler avec uniquement deux ou trois clients, de manière récurrente. Si possible sur plusieurs mois.
Chaque mission demande un temps d’adaptation, un nouveau brief, une nouvelle manière de travailler, de communiquer, un nouveau sujet à traiter, une industrie à découvrir, etc.
C’est passionnant, mais cela demande du temps et de l’énergie.
Au début d’une mission, il faut également prendre en compte un temps de découverte et de négociation avec le client, qui ne rentre pas dans le temps de prestation facturable. Plus on travaille avec des clients différents et plus cette phase occupe une place importante de nos semaines.
Pendant ces 6 premiers mois, j’ai travaillé avec maximum 3 clients différents au cours d’un même mois.
Cela permet d’être plus efficace et de retrouver une certaine stabilité.
Être la moyenne des 5 freelances que l’on côtoie le plus
Tim Ferriss démarre la Semaine de 4 heures par une citation que j’aime beaucoup : “la réalité n’est qu’une illusion, bien que très tenace”.
Notre environnement fabrique notre perception du monde.
Les gens que l’on côtoie, les inspirations que l’on suit et les contenus que l’on consomme façonnent notre vie. Ils influencent nos réflexions et nos décisions.
Pour réussir en freelance, j’estime qu’il est essentiel de se créer un cercle d’autres bons freelances autour de soi.
Quand on débute, ces personnes étendent notre champ des possibles et nous montrent que ce mode de vie est atteignable.
Quand on progresse et que l’on veut se développer, ils nous montrent la voie à suivre.
J’insiste sur ce point car il est essentiel.
Notre environnement définit notre réalité.
Si on passe notre journée à côtoyer des freelances mal payés et qui galèrent, on aura l’impression que c’est la norme. On va s’y habituer et reproduire ce schéma.
À l’inverse, si on passe notre temps avec des freelances qui s’épanouissent avec des bons clients et qui facturent le double de nous à la journée, cela va nous tirer vers le haut et augmenter notre plafond.
En 2010, Chris Bosh rejoint l’équipe NBA du Miami Heat. Il évolue alors au côté de deux des meilleurs joueurs du moment : Dwyane Wade et Lebron James.
“C’est l’une des choses que je chéris le plus de mon séjour là-bas [à Miami] : chaque jour, Lebron et Wade m’ont inspiré à me dépasser et à aller plus loin.
Il n’y a pas eu un seul entraînement pendant nos quatre années ensemble où ils ne m’ont pas encouragé à tout donner ; et j’aime à penser que j’ai fait la même chose pour eux.
Quand Lebron m’a dit qu’il avait réinventé une manière de ses mouvements au début de la saison 2012, je savais que je devais aussi passer à la vitesse supérieure.”
L’être humain agit par mimétisme. Il est de notre responsabilité de veiller à avoir les bonnes inspirations et de constamment se challenger.
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